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Opération Paris Brûle - Chapitre 77

 

 

 Attentat à Montmartre

 

Le Président des Etats-Unis était en pyjama et robe de chambre dans le petit bureau jouxtant la suite privée généreuse dont il disposait dans l’avion présidentiel. L’Air Force One avait décollé une heure plus tôt. Dans quelques minutes, l’avion mettrait le cap sur l‘Europe. Il se détacherait de la côte Ouest des Etats-Unis pour la traversée de l’Atlantique. L’arrivée à Paris était prévue vers 9 heures du matin, en heure locale.

 

Le Président s’apprêtait à gagner sa chambre lorsque la sonnerie discrète du téléphone interne se fit entendre.

- Un appel de votre Secrétariat, Monsieur le Président, lui dit l’officier chargé des télécommunications.

- J’ai votre fille en ligne pour vous, Monsieur le Président, lui dit sa secrétaire particulière. Et la voix de sa fille se fit entendre sans transition.

- Papa, c’est moi. 

La voix de Candice était tendue, comme il ne l’avait jamais entendue auparavant. Le Président sentit comme une onde d’angoisse. L’émotion de sentir sa fille si proche s’ajoutait au besoin contenu de lui venir en aide. Car il n’y avait pas de doute, sa fille l’appelait à l’aide.

- Où es-tu ma chérie ? lui répondit-il d’une voix ferme.

- Papa je suis à Paris. Je suis avec Mansour. Je t’en parlerai. Nous avons réussi à empêcher la deuxième bombe. Mais nous pensons que les fous ont un autre plan. 

 

Le Président l’interrompit alors.

- Ne quitte pas une minute ma chérie,  dit le Président. Appuyant sur une touche du téléphone il entendit la voix neutre de l’officier répondre dans l’instant

- Oui, Monsieur le Président.

- Demandez à George Mitchell de venir immédiatement. Avant de reprendre la communication il eut la présence d’esprit de presser le bouton marqué « enregistrement ».

- Je t’écoute ma chérie.

- Papa nous avons réussi à empêcher qu’ils ne fassent une deuxième bombe. Mansour a été incroyable. Oh papa si tu savais ce que nous avons dû faire. Mansour voulait neutraliser l’imam parce qu’à son avis il y avait peut-être une troisième bombe. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Il y a eu une fusillade terrible. J’avais peur que Mansour ne soit tué. J’ai vu une petite moto sortir. Mansour m’a dit que c’était l’imam, et il l’a suivi en moto. Moi je suis dans le van de Mansour… 

 

George Mitchell avait rejoint le Président qui brancha aussitôt le haut parleur du téléphone.

- Mais qui est ce Mansour, demanda –t-il.

- Papa, c’est un homme qui n’arrête pas de me sauver la vie, dit Candice avec un rire bref qui trouva son chemin dans la tension de sa voix.

- Il m’a trouvée dans le métro inondé après l’explosion de la bombe. J’étais évanouie sous un wagon. Il m’a portée dans le noir. Sans lui je serais morte. Oh Papa, tous ces corps dans le métro c’était affreux.…

C’est un homme d’affaires. Il a un peu aidé Al Qaida mais il s’est rendu compte que le plan de ces gens était fous. Qu’il avait été trahi et que lui aussi devait mourir sous la bombe. Il a risqué sa vie pour empêcher que le matériel de la deuxième bombe ne soit livré à l’ imam. Cet imam est un fou dangereux.

Il y a eu une fusillade à la mosquée. On avait l’impression qu’il y avait plusieurs groupes de tireurs, et certains se tiraient dessus. La police française va aller voir ce qui se passe. Mais je n'ai pas très confiance en eux. Il faut que tu nous aides.

 

- Comment sais-tu ce que la police française va faire? demanda le Président. Il essayait de voir clair dans le discours confus de sa fille.

- Parce que c’est moi qui l’ai appelée, dit Candice.

- Tu as appelé la police française ! demanda le Président interloqué.

- Oui.  Mansour pensait que les Américains chercheraient avant tout à le tuer. Il voulait prouver d’abord par des actes qu’il avait vraiment changé de coté avant d’appeler les Américains. 

- Candice, tu es amoureuse de cet homme ? demanda le Président.

- Oui Papa, dit-elle simplement. Ce n’est pas un fanatique. C’est un homme d’affaires très riche. C’est un homme remarquable qui a réalisé son erreur. Papa il a empêché la deuxième bombe ! 

- Sans doute, mais il a fait exploser la première, rétorqua le Président.

- Non. Il ignorait l’existence de cette bombe. Il a été manipulé.

Elle hésita.

- Il a aidé Al Qaida occasionnellement. Pour des raisons familiales et pas du tout idéologiques. Papa fais-moi confiance. Ce n’est pas le syndrome de Stockholm. 

 

Le Président échangea un regard avec son conseiller. Il voulait vérifier certains points.

- Comment as-tu fait pour appeler la police française ?  demanda le Président.

- J’ai demandé à une amie qui est Conseiller à l’Elysée. Une fille que j’avais rencontrée à Washington, et que je t’avais présentée d’ailleurs. Elle m’a donné le téléphone de quelqu’un de la sécurité intérieure française.

 

 - Candice, c’est George Mitchell. Je vous serais reconnaissant de me donner le nom de votre contact à la sécurité française.

Candice lui donna les informations et continua.

George Mitchell s’était levé. S‘emparant d’un deuxième téléphone, il donnait des instructions.

 

- Ma chérie, où es-tu exactement maintenant, et que se passe-t-il?  demanda le Président,  bien décidé à comprendre parfaitement le récit compliqué de sa fille.

- Nous sommes sur le boulevard périphérique de Paris, à l’Ouest. Il me semble avoir reconnu l’Hôtel Concorde, tu sais où nous avons séjourné il y a quelques années. Je ne sais pas où nous allons. Je suis reliée à Mansour par un téléphone branché sur haut parleur. Mansour suit l’imam à moto, loin devant moi. 

 

Ils entendirent Candice parler sans comprendre ce qui se disait. Il leur semblait qu’elle s’exprimait en français.

- Voilà ! Mansour vient de me dire que l’imam a quitté le périphérique. Ils ont pris la direction de la butte Montmartre. Papa je suis sûr que cet imam manigance quelque chose d’affreux. Je ne sais pas si Mansour tout seul peut en venir à bout. 

- Ma chérie reste en ligne. Tu peux parler quand tu veux, je suis là. J’ai besoin de quelques minutes pour prendre mes dispositions.

 

George Mitchell venait de lui faire signe. Il voulait s’entretenir avec le Président.

- Monsieur le Président, je vous suggère de rejoindre la Control Room. Tout est prêt. J’ai fait prévenir le Général Scott Wilsey. Nous devrions avoir le responsable de la CIA à Paris. Nous avons 7 heures de vol devant nous. Je ne vois pas l’intérêt de retourner à Washington. Je crois que la meilleure chose est de continuer notre vol pour la France et de piloter les choses depuis l’Air Force One. Après tout il est équipé pour cela, n’est-ce pas.

Je pense aussi qu’il nous faut obtenir la coopération des services français. Le plus simple serait sans doute que vous parliez au Président français pour lui proposer de co-diriger les opérations depuis l’Air Force One. Cela nous permettra de disposer des moyens français sans perte de temps. Si une troisième bombe est cachée quelque part dans Paris, nous pourrons difficilement nous passer des forces spéciales françaises.

 

Le Président acquiesça aussitôt.

- Ma chérie, reste en ligne, je rejoins la Control Room … 

Le Président vit à temps les signes de son conseiller. Il valait mieux ne pas faire savoir qu’ils étaient dans l’avion présidentiel en route pour la France, la ligne de Candice n’étant pas protégée.

-Je reprends le contact dans une minute.

 

Lorsque le Président et son conseiller entrèrent dans la Control Room située à l’étage inférieur de l’avion, les écrans étaient déjà allumés. L’image du Général Scott Wilsey était visible.

Les programmes de cryptage en fonction d’initialisation interdisaient le dialogue pour le moment. Ils prirent place à une extrémité de la table de conférence.

La salle de contrôle était située entre les ailes de l’avion, au niveau du centre de gravité de celui-ci. C’était l’endroit où les mouvements de l’avion étaient le moins sensible. Les fauteuils étaient néanmoins pourvus de ceintures de sécurité.

Trois militaires, deux hommes et une femme installés devant des consoles informatiques étaient visibles derrière des parois en verre.

 

Le Président pressa un bouton devant lui.

- Ma chérie est-ce que tu m’entends ? demanda le Président.

- Oui papa.

La voix de Candice leur parvenait par les hauts parleurs de la Control Room.

- Est-ce que tu peux rester en ligne ? Ton portable est encore chargé ? 

- En fait je ne t’appelle pas d’un portable mais d’un  autre téléphone. Il y a plusieurs lignes de téléphone dans le bureau mobile de Mansour . Il y a aussi internet. Je reste en ligne.

 - J’ai besoin de 5 minutes pour organiser les choses. Ne crains rien ma chérie.

 

- Vous avez le Secrétaire Général de l’Elysée en ligne Monsieur le Président. Par chance, c’est lui qui est de permanence cette nuit. Il s’appelle Martial Barthin. Il est 02:10 du matin à Paris.

 

- Monsieur Barthin est-ce que nous pouvons parler anglais ? demanda le Président américain.

- Monsieur le Président, c’est un honneur de vous avoir en ligne. Je comprends que votre fille est en difficulté, répliqua aussitôt le Secrétaire Général, dans un anglais excellent, et il enchaîna.

Vous savez sans doute qu’elle a demandé l’assistance de la police française il y a moins d’une demi-heure. Nous lui avions fourni un contact. Depuis lors nous sommes sans nouvelles. Souhaitez-vous que je réveille le Président ? 

 

Le Président était soulagé d’avoir affaire à quelqu’un qui répondait aux questions avant qu’elles ne lui soient posées.

 

- Monsieur Barthin voici la situation. Nous pourrons juger ensemble de l’opportunité de réveiller votre Président. Je suis à bord de l’ Air Force One en route pour votre pays, où je devrais atterrir dans environ 7 heures. J’ai autour de moi mes principaux collaborateurs dans le domaine de la sécurité. Ma fille Candice est en ligne. Elle est quelque part au Nord de Paris, à la poursuite d’un terroriste d’Al Qaida. Ce terroriste a essayé de faire exploser une deuxième bombe. Il a échoué mais nous avons toutes les raisons de croire qu’il cherche toujours à provoquer une nouvelle catastrophe. Ma fille est à sa poursuite.

 

Il hésita quelques secondes puis poursuivit.

- Elle est avec un homme d’affaires saoudien familier d’Al Qaida qui essaie de neutraliser le terroriste. Nous ignorons la nature réelle de la nouvelle menace. J’ai avec moi le Général Scott Wilsey qui dirige l’ensemble des services de renseignement et d’action des Etats-Unis. Devant l’urgence de la situation je crois nécessaire d’unir nos capacités d’intervention. C’est la proposition que je voudrais faire à votre Président. 

 

- Monsieur le Président, je vais réveiller immédiatement mon Président , répondit Martial Barthin.

 

- Martial, intervint George Mitchell

Merci de rester en ligne quelques instants. Je voudrais régler quelques points techniques avec vous pour faciliter la liaison entre nos deux Présidents. 

- Oui George, bien-sûr. 

George Mitchell coupa le haut-parleur. Il continua l’entretien avec le Secrétaire Général de l’ Elysée et raccrocha après quelques secondes.

 

- Général, que savons nous de la situation à Paris, interrogea le Président. Le Général se racla la gorge.

- Monsieur le Président. Pour une raison qui m’échappe mais que monsieur Leotard, mon collègue de la CIA devra nous expliquer, une équipe d’intervention spéciale se trouvait il y a moins d’une heure au voisinage d’une centre musulman dans le sud de Paris. Une fusillade a éclaté. Mon collègue de la CIA devrait … 

 

Le Président coupa la parole au Général.

- Général, je vous fais toute confiance pour éclaircir ce qui doit l’être le moment venu. Je comprends que nous avons une équipe sur place capable d’intervenir. N’est-ce pas ? 

Le Général approuva.

- Alors je vous suggère de faire le nécessaire pour  déplacer tous vos moyens vers Montmartre, dit le Président.

 

Deux écrans supplémentaires venaient de s’allumer. Le Chef de la CIA apparut en même temps que le Président de la République française. 

-  Bonjour Mr le Président, dit le Président américain en français.

- Bonjour Monsieur le Président, lui répondit le Président français. Dans un anglais hésitant mais parfaitement compréhensible, il poursuivit :

- Monsieur Barthin avec lequel vous vous êtes entretenu et qui est à mes côtés m’a expliqué la situation.   Je dois vous préciser que j’ai avec moi Monsieur Jean-Antoine Grenet qui dirige la Sécurité Intérieure française. Votre fille a parlé avec l’un de ses collaborateurs. Nous vous écoutons. 

 

Le Président Watson poursuivit en anglais.

- Monsieur le Président, Monsieur Grenet, merci de vous être dérangés si tôt pour nous. J’ai avec moi le Général Scott Wilsey et monsieur Alan Leotard qui dirige la CIA. La situation me paraît très sérieuse.

Un terroriste d’Al Qaida a essayé de faire exploser une deuxième bombe à Paris il y a environ une heure. Il a échoué. Un homme d’affaires saoudien l’a semble-t-il empêché. Ce terroriste est actuellement en fuite dans votre ville. Nous avons toutes raisons de croire qu’il prépare un nouvel attentat. Le Saoudien le poursuit. Ma fille se trouve avec lui. Elle est d’ailleurs en ligne et nous entend. 

 

Grenet était complètement éveillé maintenant. Réveillé en pleine nuit pour une entretien avec le Président des Etats-Unis, il s’était attendu à une demande d’explication sur l’étrange fusillade de la nuit dernière devant une mosquée que ses équipes étaient censées surveiller.  Au lieu de cela, le cauchemar d’un deuxième attentat à Paris se précisait. Et c’était les Américains qui lui apprenaient !

 

Il sortit discrètement un téléphone portable crypté de sa poche et appela Anne Dorgel.

 

- Anne c’est Grenet. Appelez Durand. Alerte A. Prédisposition autour de Montmartre. Je vous rejoindrai plus tard.

Chuchoter ses instructions lui avait pris moins de 10 secondes. Il raccrocha sans attendre le réponse.

 

- Papa. Je vois Mansour. Il est descendu de moto. Il a gardé le micro-oreillette de son casque pour me parler. Il me dit de stationner à proximité. Il est entré dans un immeuble. Voilà je suis devant maintenant. Nous sommes quelque part au pied de la colline. On dirait un bâtiment officiel, une Mairie. Il y a une plaque. Je lis « Ville de Paris - Service des Eaux » et il y a un numéro, le 246.

 

Grenet réagit comme  piqué par une guèpe. Il avait compris. Il ne put s’empêchait de réagir et parla en français :

- C’est un centre secret d’ équilibrage des pressions d’eau potable dans la ville. L’endroit idéal pour empoisonner la moitié de Paris. 

 

George Mitchell avait compris et faisait la traduction en anglais. Jean-Antoine Grenet était déjà en train d’appeler  son assistante pour de nouvelles instructions.

- Ma chérie, ne quitte pas cet endroit et reste dans ton véhicule. Nous allons intervenir,  dit le Président américain.

 

 

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28/04/2011
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