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Opération Paris Brûle - Chapitre 85

 

 Les secrets de l'Elysée  

 

Comme le Secrétaire Général l’avait précisé à Anne Dorgel, la visite guidée du Palais était vraiment en tout petit comité. En plus de leur guide, ils n’étaient que quatre, Candice et Mansour, l’Assistante de Grenet et lui.

Le collègue de Martial Barthin, incollable connaisseur de l’Histoire et des petites histoires du Palais, guide improvisé, effectuait toujours avec brio cet exercice. Il était tout simplement passionnant. Outre son savoir encyclopédique et sa drôlerie subtile, il avait le talent de sentir son auditoire. D’instinct, il savait où arrêter une digression de détail ou habiller de termes élégants les descriptions les plus lestes.

C’est que la riche, très riche histoire du Palais autorisait plusieurs lectures. Avant la République, le Palais avait connu un destin en zigzag, au gré de ses différents propriétaires. Résidence d’une princesse de Bourbon, de Madame de Pompadour,  de Napoléon, d’un côté. Entrepôt des Révolutionnaires, lieu d’amusement et de plaisir païens de l’autre. En termes clairs, qu’il était naturellement inconvenant d’exprimer, le Palais de l’Elysée avait été pendant de longues années un lupanar pas toujours distingué.

Martial Barthin avait assisté plusieurs fois au numéro de son collègue, mais il ne s’ennuyait jamais. A plusieurs reprises au cours de la visite, il avait tourné la tête en direction d’Anne Dorgel. A chaque fois son regard avait croisé le sien. 

Alors que la visite se terminait et qu’ils retournaient à leur point de départ, Martial Barthin s’approcha d’Anne Dorgel. Un sourire aux lèvres, il se pencha vers son oreille, comme pour lui faire une confidence. Anne Dorgel ralentit, puis s’arrêta.

  -- Anne j’ai l’impression que vous avez découvert que ces lieux n’ont pas toujours été des lieux d’austérité.

  -- J’avais entendu quelques histoires là-dessus, répondit-elle. Et elle ajouta :

  -- C’est vrai qu’il y a encore beaucoup de ces endroits secrets ?

  -- Hum, secret de la République, dit-il, l’air mystérieux. Et il s’empressa de corriger:

  -- Evidemment, habilitée au secret défense comme vous l’êtes, vous avez le droit de tout savoir. Demandez, et je vous ouvrirai la porte des secrets.

  -- N’avons-nous pas à préparer ensemble le briefing de demain? dit-elle.

  -- Mais bien-sûr. Rappelez-vous que nous avons rendez-vous dans mon bureau dans,… exactement 1 minute. Je crois que nous avons juste le temps de prendre congé de nos invités, répondit Barthin du tac au tac.

Quelques minutes plus tard, Martial Barthin et Anne Dorgel montaient ensemble l’escalier d’honneur menant aux bureaux du premier étage. C’est là que se trouvait, entre autres, le bureau du Président. Et celui du Secrétaire Général.

Leur pas tranquille, leur distance respectueuse pouvaient laisser croire à chacun que l’Assistante du Directeur de la Sécurité Intérieure et le Secrétaire Général de l’Elysée avaient à traiter d’un dossier des plus importants.

Martial Barthin avait tout de même noté que le Président, son Président, n’était toujours pas revenu. Peut-être allaient-ils le croiser dans les escaliers. Il avait capté le regard aigu de Grenet juste avant qu’ils ne quittent la Salle des Fêtes. 

Anne Dorgel découvrait avec un étonnement sincère la beauté du bureau du Secrétaire Général.

  -- J’envie votre cadre de vie, Martial. Si vous saviez dans quel bureau je passe mes journées. Ce bureau est tout simplement magnifique. 

  -- Sans doute la beauté des lieux est-elle proportionnelle à la précarité du job, dit-il. Et se déplaçant vers la fenêtre, il ajouta :

  -- Vous savez, l’endroit que je préfère, c’est celui-ci. De cet endroit précis, on a une vue magnifique de tout ce qui compte dans le parc.

 

Anne Dorgel s’approcha de la fenêtre. Elle était si près de lui qu’il sentit son parfum. Elle devait lire dans ses pensées car elle virevolta sur elle-même, et sans y avoir été invitée, prit place sur l’un des fauteuils dorés disposés devant le bureau du Secrétaire Général.

 -- Ne m’aviez-vous pas parlé d’endroits secrets dont vous aviez la clé ?  dit-elle.

 -- J’en connais effectivement quelques-uns. L’un des plus insolites est précisément ici-même, dans mon bureau. Je vais vous montrer.

Dans l’angle de la pièce, sur le mur opposé aux portes fenêtres ouvrant sur le parc, il lui montra le contour d’une petite porte habilement dissimulée dans les lambris dorés.

  -- Et comment s’ouvre-t-elle ? 

  -- Là nous sommes vraiment dans le secret-défense, dit-il en souriant.

  -- Voilà, ô Eve curieuse.

Il avait tout simplement fait glisser l’une des moulures en bois. Appuyant légèrement sur la porte, celle-ci s’ouvrit vers l’intérieur.

  -- Vous voulez entrer ? demanda –t-il en baissant la voix.

  -- Je vous suis, fut sa seule réponse.

  -- En fait, c’est un endroit bizarre, fait pour observer ce qui se passe à l’intérieur du bureau. Vous voyez ici, il y a une fente qui permet de regarder. Je vais fermer la porte. On voit mieux ainsi. 

Il repoussa la porte et tira de l’intérieur la moulure mobile qui faisait office de taquet.

Anne Dorgel avait déjà collé ses yeux sur la fente.

  -- Incroyable, chuchota-elle.

  -- Vous savez que cet endroit est parfaitement insonorisé, dit-il.

Pourtant, presque naturellement, il avait chuchoté aussi. Il approcha son visage du sien.

  -- Faites-moi une toute petite place. Chacun de nous doit pouvoir placer un œil.

Insensiblement il s’approcha encore d’elle. Son parfum l’enivrait. Leurs joues en se touchant provoquèrent une petite décharge électrique qui les fit s’éloigner l’un de l’autre.

Dans le noir, Martial Barthin lui prit le visage dans ses mains et l’attira.

 

Le baiser d’Anne Dorgel était ensorcelant. Martial Barthin lui caressa le dos. De plus en plus bas. Il se rendit compte qu’elle portait un string.

Frémissante contre lui, toute à son baiser, Anne Dorgel laissait faire.

Alors qu’il tentait de défaire le pantalon de sa compagne, celle-ci lui souffla d’une voix rauque:

  -- Attends!

En un tournemain, elle s’était débarrassée de ses chaussures et de son pantalon. Elle ne portait plus que son string. Ses mains s’attaquaient à présent à la ceinture de Barthin, dont le pantalon ne tarda pas à glisser sur ses chaussures.

Elle-même ôta son string.

Elle s’approcha à nouveau de Barthin et levant sa cuisse en crochet, elle l’attira contre lui. Lorsque Barthin vint en elle, Anne Dorgel soupira.

Sa bouche chercha celle de Barthin. D’abord doucement, puis avec frénésie, Barthin allait et venait contre le ventre nu d’Anne Dorgel. Maladroitement, il releva son corsage, jusqu’en haut. Dans le même mouvement, il fit glisser le soutien-gorge. Lui-même releva sa chemise autant qu’il put et plaqua son torse sur ses seins généreux.

Ses mains couraient sur le corps d’Anne Dorgel. De temps à autre, il saisissait à pleine main sa cuisse relevée, pour la serrer plus fort contre lui.

Tous deux se crispèrent tout à coup, en même temps. Le mouvement de leurs corps s’arrêta doucement. Ils sentaient dans leurs ventres accolés les battements sourds et mystérieux du plaisir qui n’en finissait pas.

Lentement ils se défirent l'un de l'autre. La conscience leur revenait. Habitués à l’obscurité, ils n’eurent pas de mal à retrouver leurs affaires. Barthin, entrevoyant les formes délicieuses d’Anne Dorgel, sentait son désir renaître.

  -- Mon chéri c’était merveilleux, lui souffla Anne Dorgel en l’embrassant. 

Moi aussi j’ai encore envie de toi. Il existe des milliers d’endroits plus confortables, lui glissa-t-elle dans l'oreille.

Ils sortirent du cabinet secret. A peine décoiffés et réajustés.

Légers et graves, ils pouvaient à nouveau affronter le monde extérieur.

-Que faites-vous ce soir ? dit Anne Dorgel en embrassant une dernière fois son amant.

 

 

 

 

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15/11/2011
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